« Les
buts de guerre du Dr Folamour de Moscou ne sont pas atteints »
ENTRETIEN.
Michel Foucher, diplomate et géographe spécialiste des frontières, décrypte les
enjeux de la guerre en Ukraine et le jeu russe dans la région.
Géographe
spécialiste des frontières, ancien directeur du Centre d'analyse et de
prévision du ministère des Affaires étrangères, diplomate – il fut ambassadeur
en Lettonie
de 2002 à 2006 –, Michel Foucher porte pour Le
Point un regard aiguisé sur la guerre en Ukraine et sur le jeu des Russes
dans cette région – qui dure depuis des siècles !
Le Point : La guerre
se poursuit. Que cherche Poutine, sur le terrain ?
À LIRE AUSSIUkraine : les buts de guerre secrets de Vladimir Poutine
L'Ukraine occidentale est incontrôlable par les troupes russes.
Elle n'a été soviétisée que depuis 1945, compte une puissante Église uniate et,
c'est vrai, des mouvements extrémistes ; c'est un foyer du nationalisme
ukrainien. Dans le cas d'une partition, on en reviendrait donc à un pays réduit
à ce qui fut la partie ukrainienne de l'empire polono-lituanien. Comme la France avec la Bretagne, l'Alsace
ou le Dauphiné, l'Ukraine s'est formée à partir de différentes pièces.. Et
souvenez-vous que le mot Ukraine signifie « confins ». Chaque fois
que j'y suis allé, c'était pour parler des frontières. En réalité, les
Ukrainiens me faisaient venir parce qu'ils ne savent pas où ils sont. L'intérêt
de l'Ukraine, ce sont ces terres noires, le fameux tchernoziom, un sol
extrêmement profond formé d'humus sur deux ou trois mètres d'épaisseur, que
l'on trouve dans toute la partie centrale du pays, jusqu'au Donbass. Cette
steppe aux herbes hautes fut la base nourricière de la cavalerie polonaise.
C'est elle qui avait permis, sous la conduite de Jan III Sobieski, de repousser
les Ottomans à Vienne en 1683.
L'Ukraine a-t-elle un véritable intérêt stratégique ?
Pourquoi ce pluriel ?
Parce que le tsar était à la tête de trois
Russies : la grande (velikya ou Russie actuelle), la blanche (belaya ou
Biélorussie) et la petite (malaya ou Ukraine). Il s'agit de trois
étapes distinctes de conquête qui ont constitué le cœur de l'empire sous Catherine
II. L'autocrate Poutine entend rétablir cette emprise tripartite. Les
bolcheviques se dont demandé au début de la révolution s'ils devaient
maintenir l'existence de la Russie russe, slave, orthodoxe, incorporant les
trois pays, ou bien s'ils devaient les séparer en donnant à la Biélorussie et à
l'Ukraine une raison de soutenir la révolution. C'est de cette façon que naît
en 1924 l'Union des républiques socialistes soviétique (URSS). Quand
Vladimir Poutine prétend que l'Ukraine est une création de Lénine, ce n'est pas
complètement faux, si l'on évoque la république fédérée… Le commissaire aux
nationalités Joseph Staline inclut dans la nouvelle République fédérée
d'Ukraine, qui restera indépendante durant deux ans, la première zone
industrielle de Russie : le Donbass. Équivalent à la Ruhr ou à la Sarre
allemandes. Pourquoi le Donbass ? Parce qu'il est habité par des
prolétaires… Les grands propriétaires ukrainiens, les koulaks, résistent bien
sûr à la bolchevisation passant par la nationalisation des terres. Mais ils
seront écrasés durant l'Holodomor, période essentielle dans la construction de
la conscience collective ukrainienne.
Les communistes russes avaient promu des Ukrainiens dans leur
appareil. Pourquoi ?
Parallèlement à l'écrasement des koulaks, le Parti communiste de
l'URSS promeut effectivement des leaders prolétariens ukrainiens, fils
d'ouvriers du Donbass ou des zones industrielles de Dniepropetrovsk ou de
Kharkiv. Socles plus tard de l'industrie militaire russe. De très nombreux
membres du comité central du Parti communiste sont issus de cette région.
Nikita Khrouchtchev, natif du nord de l'Ukraine, a d'abord été forgeron avant
de devenir en 1938 secrétaire du comité central du PC d'Ukraine.
Leonid Brejnev était né non loin de Dniepropetrovsk… L'élite à Moscou se partageait
entre les Ukrainiens et les Petersbourgeois. 20 % des Russes ont des
racines ukrainiennes.
Même si le russe est la langue
maternelle de 30 % des Ukrainiens, les Russes de Kharkiv ne se sentent pas
seulement Ukrainiens : ils le sont.
Que s'est-il passé après la Seconde Guerre mondiale ?
En 1945, Staline agrandit la partie occidentale de l'Ukraine, en
grignotant les voisins : la Volhynie polonaise, la région de Lviv, puis la
Ruthénie subcarpathique, qui donne accès à la plaine hongroise : c'est de
là que sont parties les invasions de Budapest en 1956 et de Prague en
1968. En 1954, pour le 300e anniversaire de la tutelle russe
sur l'Ukraine centrale, entre le Dniepr et le Donbass, Khrouchtchev a voulu se
faire pardonner l'Holodomor, l'écrasement des koulaks qui avait entraîné une
énorme famine. Le territoire s'est trouvé de nouveau découpé et la Crimée a été
affectée à l'Ukraine. C'était symboliquement important, tout en relevant en
réalité d'une simple mesure administrative. Devenue ukrainienne, la péninsule
de Crimée est demeurée profondément russe, comme Sébastopol. C'est ce qu'il
faut bien comprendre : l'Ukraine actuelle est le résultat d'un assemblage
de provinces et de districts très différents les uns des autres. Pourtant,
indiscutablement, aujourd'hui, ils « font nation ». Même si le russe
est la langue maternelle de 30 % des Ukrainiens, les Russes de Kharkiv ne
se sentent pas seulement Ukrainiens : ils le sont.
À LIRE AUSSIPoutine : « Kiev n'a tout simplement pas besoin du
Donbass »
En quoi la question ukrainienne obsède-t-elle Poutine ?
À mes yeux, Vladimir Poutine a l'intention d'agir en Ukraine pour
diviser le pays à la manière dont l'avait été la Pologne en 1795, lors du
« troisième partage ». Les Russes n'ont rien à faire de la partie de
l'Ukraine située à l'ouest de Dniepr. Ce qui les intéresse vivement en
revanche, ce sont les villes industrielles, et le littoral de la mer Noire. Je
ne sais pas du tout où va arriver le Dr Folamour de Moscou, mais ses buts de
guerre ne sont pas atteints. Et on n'est pas à l'abri d'une montée aux
extrêmes. Avec les sanctions frappant son pays et ses proches, nous traitons
Poutine comme s'il était Cubain ou Iranien. Je comprends l'intention : il
s'agit de frapper les milieux d'affaires, pour rompre leur lien avec les
structures de forces, les siloviki. Mais c'est compliqué : Poutine est
complètement isolé, et pas seulement par sa phobie du Covid : il ne voit
plus que ses plus proches collaborateurs, le ministre de Défense Sergueï
Choïgou et le chef d'état-major des armées Valery Gerasimov. On peut leur
ajouter les guébistes et autres complotistes et c'est tout… Ce qu'il refuse, au
fond, c'est la dispersion du monde russe. Il veut reprendre les
20 millions de Russes qui n'appartiennent plus à la Fédération de Russie.
Il n'a pas de nostalgie du communisme, qu'il n'aimait pas. Il partage la vision
du monde d'Alexandre Soljenitsyne avec ceux qui le conseillent, comme l'Église
orthodoxe et le patriarcat de Moscou, qui ne supportent toujours pas
l'indépendance prise par l'Église ukrainienne. Et veulent rebâtir la Grande
Russie, espace certes territorial mais aussi religieux et culturel. Sur ce point,
il n'est pas en opposition avec son adversaire emprisonné Alexeï Navalny :
il veut reconstituer le monde russe, sans avoir compris qu'il existe
aujourd'hui un fort sentiment national ukrainien. Si ces gens résistent, c'est
qu'ils ont quelque chose à défendre !
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Devenu
presque caduque par la chute du mur de BERLIN en 1989 et la réunification des
deux Allemagnes (qui maintenant est obligée de réarmer à marche forcée comme aussi
les pays scandinaves frontaliers de la Russie comme la Finlande !)
Les grands
donneurs de leçons comme notre président grand discoureur, le spécialiste des
entretiens téléphonique à bâtons rompus avec « le dictateur » russe
comme l'a appelé CASTEX notre 1er ministre !
Mais
c'est POUTINE qui semble-t-il en avait peur de cet épouvantail OTAN !?
Pourtant
notre pauvre petit monarque sans couronne français super bavard avait dit que
cet OTAN était en mort cérébrale (plutôt en convalescence car les Américains ne
se précipitent pas à le réanimer avec le vieux BIDEN qui lui aussi pérore !)
Donc
cette gesticulation de POUTINE n’est que de la poudre aux yeux pour ces dirigeants
occidentaux et US qui ne feront rien pour l’UKRAINE en espérant qu’il n’ira pas
plus loin !?
C'était
tout au moins une fausse justification de POUTINE cette soi-disant crainte de OTAN
pour essayer de reconquérir ces républiques perdues de cet ex URSS et surtout
revenir au grand empire RUSSE tsariste dont il a une nostalgie maladive, il a
mis 30 ans à préparer cela et il a la force militaire stratégique ce serait
étonnant qu’il s’arrête là !
Après l’annexion
de la CRIMEE les occidentaux on fait de multiples erreurs avec l’Ukraine et le
DOMBAS annexé par des séparatistes appuyés par la Russie auraient dû réagir et plus
tard et avec la chute de L’AFGHANISTAN avec la fuite des Américains avec BIDEN car
cela a été la goutte qui n’a pas fait hésiter POUTINE !
On dit le
maitre du KREMLIN fou peut-être, mais il y en a eu d’autres comme lui dangereux
dans le 82 ans passés et nous occidentaux sommes devenus en plus bienpensants
donneurs de leçons qui n’ont rien compris ou pas voulu par nos dirigeant pleutres,
c’est désespérant, ils ne nous restent plus qu’à prier !
Et nous Français
versatiles qui ne savent plus voter depuis 40 ans on pense à élire notre président
(plutôt le même surement) alors que l’on a la guerre à notre porte pauvre de nous
!?
Jdeclef 04/03/2022
12h44
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire