Guerre en
Ukraine : faut-il montrer les morts ? OUI !
ENTRETIEN.
Rendre compte d’un conflit armé passe par la diffusion d’images choquantes,
même si toute guerre a ses « tabous », selon l’historien Fabrice
d’Almeida.
On
a vu le visage fatigué du président Zelensky, les traits glaçants du maître du
Kremlin, les bombardements russes détruire les principales villes d'Ukraine,
les millions de civils fuir la guerre, les adieux déchirants des familles sur
le quai de la gare de Kiev, ces interminables files d'embouteillages
tentant de rejoindre l'Ouest. Mais où sont les morts ? Leurs visages
ensanglantés ont pour la première fois surgi en une du New York Times lundi. En ce
onzième jour de guerre, un tir de mortier russe a décimé une famille de quatre
personnes qui fuyait à Irpin. On les voit inanimées sur l'asphalte,
enchevêtrées. Un enfant porte encore son sac à dos d'écolier. Voilà les
conséquences de la guerre. Elles sont brutales. Fallait-il les montrer ?
Éléments de réponse avec Fabrice d'Almeida, historien et vice-président de
l'université Panthéon-Assas.
Le Point : Lundi, le quotidien américain The New York Times
mettait en une des corps tués et blessés de civils ukrainiens par les forces
russes. Toutes les rédactions se posent cette question : que montrer de la
guerre ?
Le sujet est évidemment à la une de tous les médias, mais voit-on
réellement ce qui se passe en Ukraine ? Il y a ce sentiment qu'il y a peu
d'images « dures » qui circulent.
« Tout
était réuni pour donner libre cours à la mégalomanie de Poutine »
Il y a donc une volonté de protéger les citoyens ?
Un accord tacite qui s'est rompu lors de la guerre en Syrie, d'où
beaucoup d'images nous parvenaient ?
Beaucoup d'images ont été publiées, mais on n'a jamais montré les
images du tabou ultime : les prisonniers égorgés. Il y avait aussi à
l'époque une forme de minimisation des exactions que pouvait commettre Daech en
Syrie, car il y a toujours une limite et elle correspond à ce qu'on ne veut pas
admettre : un sentiment de honte.
Il y a aussi cette idée selon laquelle les journalistes ne veulent
pas montrer le plus terrible de la guerre pour ne pas ajouter de la violence à
la violence. Il y a aussi en France une volonté de ne pas
ramener le conflit dans quelque chose qui relève de la pure émotion. On peut en
jouer dans les textes écrits, car cela permet le double discours
raison/émotion. Le format court de la télé le permet moins, le risque serait
d'arriver très vite à saturation.
En ce qui concerne les chaînes de télévision, et surtout celles
d'info en continu, il y a plus de « plateaux » que de directs…
C'est une question de modèle économique. Les chaînes
d'info ont découpé leur temps d'antenne par plateau, avec des invités, des
experts… Elles ont proportionnellement moins de reporters sur place que les
chaînes anglo-saxonnes, c'est un fait. C'est ce qui donne ce sentiment
d'absence de variété, d'absence d'images venues directement du cœur des
opérations. Au-delà de l'aspect économique, il y a aussi le fait qu'on a
tendance à tout politiser en France. On évalue, on discute, on débat… Là où
d'autres sont plus sur le terrain. À noter que cette guerre intervient dans un
contexte très particulier chez nous : celui de campagne présidentielle.
Alexandre
Adler : « Le monde vit la bascule du siècle »
Est-ce que les Anglo-Saxons sont plus enclins à montrer l'horreur
que nous ?
Je ne partage pas ce constat. Comme eux, nous montrons ce
qui se passe sur place. Peut-être les seuils de violence ne sont-ils
pas exactement les mêmes. Il existe, par exemple, une accoutumance
différente à la violence aux États-Unis. Dans les guerres depuis 1941, les
médias américains ont pris l'habitude de montrer les rapatriements de corps de
soldats et la violence des combats.
N'a-t-on plus l'habitude en France de couvrir des conflits
armés ? Nombreux sont les journalistes aguerris qui dénoncent l'arrivée de
journalistes inexpérimentés en Ukraine, comment l'expliquer ?
Les journalistes qu'on va envoyer sur le terrain ne sont
normalement pas des jeunes. Aller couvrir un conflit armé suppose une
autonomisation et une capacité de résistance qui va de pair avec l'expérience.
Il faut quelqu'un qui aura les bons réflexes. Or les jeunes sont toujours
volontaires pour partir couvrir ce type de conflits. Ils partent cependant sans
la sécurisation que confère le statut de grand reporter, à leurs risques et
périls. Ce n'est qu'une fois sur place qu'ils cherchent des correspondances ou
des piges, sans arrimage sécuritaire, ce qui provoque évidemment une
précarisation de la profession. Partir en zone de guerre représente des risques
considérables, les grands médias doivent donc trouver un équilibre entre
le fait de donner l'information la plus fiable au plus près du conflit – dire
ce qui se passe – et l'obligation de prudence pour leurs
envoyés. Enfin, il faut saluer le travail des femmes grands reporters,
Dorothée Olliéric, Maryse Burgot, Catherine Norris Trent. Avec leurs confrères,
elles sont l'honneur d'une profession trop souvent décriée.
Après l'attentat contre Charlie Hebdo, Le Point était le
seul journal français à mettre en une la photo du policier Ahmed Merabet
froidement exécuté par un des frères Kouachi. Certaines critiques avaient été
émises quant à ce choix. À l'époque, Étienne Gernelle, directeur de la
publication, écrivait ceci : « Fallait-il vraiment publier cette
photo ? On peut évidemment être en désaccord avec ce choix. Nous y avons
longuement réfléchi. Oui, cette image est insoutenable pour la famille. Comment
ne pas y être sensible ? Elle est également insoutenable pour la police dans
son ensemble, et pour le pays tout entier, qui est très touché par le sacrifice
de ceux qui le protègent avec courage. Ce qui est le cas d'Ahmed Merabet, mort
en héros. Nous pensons, malgré tout, qu'il fallait la montrer. Parce qu'elle
raconte l'horreur, la barbarie et la lâcheté des terroristes, plus fortement
qu'aucun mot ne saurait les décrire. Pour affronter l'horreur, il ne faut pas
avoir peur de la nommer ni de la regarder en face. “Notre métier, disait
Albert Londres, n'est pas de faire plaisir, non plus que de faire du tort, il
est de porter la plume dans la plaie.” Cette recommandation s'applique
aussi à l'image. Est-elle révoltante, cette photo ? Oui, mille fois, oui.
C'est précisément pour cela que nous avons décidé de la publier. » « En
Ukraine aujourd'hui, comme en Irak, en Afghanistan, à New York ou à Paris hier,
la violence et la mort existent, et notre métier, c'est d'en rendre
compte », confirme Étienne Gernelle.
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De tous
bords, larmoyant, compatissant pour se donner bonne conscience (ou tout au
moins nos dirigeants de nos pays libres et démocratiques !)
Car les
humains sont des animaux dits évolués mais pour certains plus dangereux que des
bêtes féroces qui elles tuent pour se nourrir !
Dans nos sociétés
(dites humaines) l’hypocrisie est le principal des défauts qui s’accouple avec
le pouvoir du plus fort et le profit !
Il ne faut
pas cacher les vérités et faits si horribles soit-il comme on l’a fait pendant
la dernière guerre avec les camps de concentration et d’exterminations NAZI et
ou on s’est horrifié voire étonner hypocritement en disant pour certains qu’ils
n’étaient pas au courant ou qu’ils ne savaient pas quand on a libéré les rescapés
restants de ses camps de la mort !
Car
bombarder des hôpitaux est un crime de guerre qui est assez affreux comme cela alors
le politiquement correct déjà trop utilisé par nos dirigeants est déjà une
honte quand il s’agit de stopper un ou des dictateurs avec qui on ne peut
négocier car lui et eux ne respectent rien et surtout ne pas tourner la tête
comme à ALEP en SYRIE ou je suis allé avant la guerre soi-disant faite pour
lutter contre le terrorisme surtout pour aider le dictateur toujours en place ou
les Russes ont testé leur aviation en rasant cette ville historique ancienne
très belle avant et pas infesté de terroristes !
Ça rappelle
aussi Guernica pendant la guerre d’Espagne avec le dictateur FRANCO mort dans
son lit en 1975 ou l’aviation allemande d’HITLER avait détruit la ville en 1937,
car on s’entraide entre criminels d’état !
Alors que
les bavards beaux parleurs donneurs de leçon dirigeants de tous bords en France
et ils sont nombreux et même parmi nos ex-chefs d’états des derniers quinquennats
depuis 40 ans qu’ils agissent au lieu d’aider indirectement ces dictateurs
autoritaires qui se moquent d’eux et des peuples qu’ils agressent et aussi de
leurs propres citoyens !
Jdeclef 10/03/2022 11h33
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