Guerre en
Ukraine – Sait-on encore se défendre ? Nouvelles
menaces, réarmement mondial… Le conflit a remis la question militaire au cœur
de nos préoccupations. Où en sont vraiment la France et l’Europe ? NULLE PART AVEC LES DIRIGEANTS DE TOUS BORDS
QUI NOUS GOUVERNENT SI MAL !
L 'invasion
de l'Ukraine par la Russie acte la fin de l'après-guerre froide et ouvre la
grande confrontation entre les empires autoritaires et les démocraties. Alors
que le début de l'affrontement était attendu entre la Chine et les États-Unis
autour de Taïwan, il est intervenu en Europe, en première ligne tant sur le
plan stratégique, avec le retour de la guerre de haute intensité et de la
menace nucléaire, que sur le plan économique. La France et l'Europe ne sont pas
encore en guerre mais ne sont plus en paix. Elles sont confrontées à une menace
existentielle sur leur sécurité, dont elles ont voulu croire, depuis la chute
de l'Union soviétique, qu'elle appartenait à un passé révolu. À l'image de 1918
et contrairement à 1945, 1989 fut une paix manquée, les démocraties ayant donné
la priorité à la distribution des pseudo-dividendes de la paix sur la
construction d'un capitalisme soutenable et d'un ordre mondial stable.
Déni. Machiavel soulignait que « l'habituel défaut de l'homme est de ne pas prévoir l'orage
par beau temps » . À l'image du krach de 2008, de
la crise de l'euro, de la vague d'attentats islamistes ou de l'épidémie de
Covid-19, l'agression de l'Ukraine par la Russie est apparue comme une surprise
stratégique. En réalité, elle constitue l'aboutissement d'une longue et
profonde dégradation de l'environnement de sécurité des nations libres, tout
particulièrement en Europe. Dans l'illusion d'une paix perpétuelle garantie par
le renforcement des échanges commerciaux, les démocraties se sont enfermées
dans le déni face à la brutale remontée des périls extérieurs.
Tout d'abord, le djihadisme n'a pas été éradiqué par la
défaite de l'État islamique au Levant. Il a muté pour se restructurer à la fois
autour d'un axe de la terreur qui s'étend du golfe de Guinée aux Philippines et
comme un réseau social au sein des sociétés développées. Parallèlement, les
ambitions de puissance des empires autoritaires se sont dévoilées, à l'image de
la Chine en mer de Chine méridionale et à Taïwan, de la Russie qui vise la
reconstitution de l'Empire soviétique, de l'Iran qui a constitué un vaste « chiistan
» du Liban à l'Afghanistan. Ces régimes se sont rapprochés, notamment la Chine
et la Russie, unies par une « amitié sans
limites » aux termes de l'accord du 4 février 2022, qui désigne la
démocratie comme leur adversaire et poursuit la mise en place d'un ordre
mondial postoccidental.
Ressources rares. Les
chocs et les crises qui se sont enchaînés depuis 2008 ont ainsi vu un recul
majeur de la démocratie sur tous les continents, favorisé par le désengagement
des États-Unis de l'Europe, du Moyen-Orient et d'Afrique. Simultanément, les
dépenses d'armement se sont envolées, à l'exception de l'Europe qui a continué
à désarmer jusqu'en 2015. Elles ont ainsi progressé de 1 074 milliards de
dollars en 2000 à 1 981 milliards en 2020, les États-Unis restant largement en
tête (778 milliards), devant la Chine (252 milliards), l'Inde (72,8 milliards)
et la Russie (61,7 milliards). La conflictualité s'est étendue à de nouveaux
domaines, tels que l'accès aux ressources rares et le contrôle des chaînes
d'approvisionnement, l'espace, les pôles ou le cybermonde. Avec pour
laboratoire la guerre de Syrie, la violence s'est libérée des institutions et
des normes, tandis que les traités et les accords de contrôle des armements
étaient abandonnés et que les alliances stratégiques américaines étaient mises
en sommeil, voire ouvertement déstabilisées par Donald Trump, qui fut près de
réaliser ce dont Staline avait rêvé en envisageant le retrait des États-Unis de
l'Otan. La course à la guerre était donc enclenchée depuis des années, jalonnée
du côté russe par les guerres de Tchétchénie (1994-2000), l'intervention en
Géorgie (2008), l'annexion de la Crimée et le soutien des séparatistes du
Donbass (2014), le sauvetage du régime de Damas (2015), le déploiement des
mercenaires du groupe Wagner à partir de 2016 en Libye, en Centrafrique et au
Sahel. Comme dans les années 1930, les démocraties européennes se sont
volontairement aveuglées.
Menace existentielle. En
envahissant l'Ukraine, Vladimir Poutine a révélé la réalité d'un monde violent,
où la liberté politique se trouve en grand danger. Si le conflit est loin
d'être achevé, ses enseignements sont déjà nombreux. Depuis les années 1990,
les démocraties, en l'absence de menace majeure sur leur sécurité et du fait de
leur supériorité technologique, ont eu la maîtrise de leurs engagements, ce
dont elles ont d'ailleurs très mal usé, comme le montrent les guerres perdues
d'Afghanistan, d'Irak, de Syrie, de Libye et du Sahel. Ce temps est terminé :
la conflictualité n'est plus choisie mais imposée.
La guerre d'Ukraine marque également le renouveau des conflits de
haute intensité entre puissances majeures, après deux décennies d'affrontements
asymétriques contre le terrorisme islamiste. Ils se caractérisent par un
affrontement qui se déploie dans tous les milieux - terre, air, mer, espace et
cybermonde - et entraînent des pertes humaines, matérielles et économiques
considérables. Parce qu'elle vise l'anéantissement total de l'adversaire, comme
l'illustre la négation par Vladimir Poutine de l'existence d'un peuple, d'une
histoire et d'un État ukrainiens, la guerre de haute intensité n'engage pas
seulement les armées mais la nation tout entière.
Dissuasion.
Base
militaire de Tapa, Estonie, le 6 février 2022. Des soldats français
participent à un exercice dans le cadre de l’opération EFP (Enhanced Forward
Presence, Présence avancée renforcée) de l’Otan, qui consiste en quatre
groupements tactiques multinationaux tournants situés dans les États baltes et
en Pologne. Une présence occidentale renforcée à l’est contestée par Vladimir
Poutine.
Leçons. Le conflit
livre aussi quelques premières leçons opérationnelles. L'enlisement russe
découle d'une surestimation des capacités de l'armée, dont la modernisation est
restée partielle et qui a montré des failles béantes en matière de
renseignement, de communications et de coordination, comme de sous-estimation
de la volonté des Ukrainiens de défendre leur patrie. Comme en Syrie, la
population civile constitue un but de guerre et une cible prioritaire pour les
Russes, ce qui se traduit par un bilan tragique de plusieurs milliers de morts
civils et de 10 millions de déplacés - dont 3 millions de réfugiés en Europe.
Enfin, la guerre de l'information joue un rôle décisif : alors que la Russie de
Poutine l'avait emporté en Centrafrique et au Sahel face à la France, elle a
été défaite sur ce terrain par l'Ukraine de Volodymyr Zelensky. L'invasion de
l'Ukraine constitue un électrochoc pour l'Europe. Elle a réveillé l'Allemagne,
qui a décidé de rompre avec son mercantilisme et sa complaisance envers la
démocrature moscovite, pour investir 100 milliards d'euros en cinq ans dans ses
armées et porter son effort de défense à 2 % du PIB. Elle a fait basculer
l'Union européenne dans l'univers de la puissance, en approuvant des sanctions
inédites contre la Russie, en prévoyant de livrer des équipements militaires à
l'Ukraine à hauteur d'un milliard d'euros et en interdisant sur son territoire
les vecteurs de la propagande russe. La France a certes résisté aux illusions
de la fin de l'histoire, en maintenant une capacité de dissuasion nucléaire, en
conservant un modèle complet d'armée, en entretenant une culture opérationnelle
forgée par les interventions extérieures. Mais elle a sacrifié l'État régalien
à son État-providence jusqu'à compromettre sa capacité à assurer sa sécurité
intérieure et extérieure. La renaissance d'une menace existentielle sur la
nation et sur l'Europe lui impose dès lors de repenser sa défense.
Usure accélérée. Depuis
l'effondrement de l'Union soviétique et la professionnalisation des armées, la
stratégie française a été fondée sur l'absence de menace directe sur la nation,
sur la préservation de la dissuasion nucléaire mais dissociée de la gestion des
crises comme de l'engagement des forces conventionnelles, sur la priorité donnée
à la projection de forces dans le cadre d'opérations extérieures au territoire
national, sur l'hypothèse centrale d'une mobilisation au sein de coalitions
laissant du temps pour générer les forces nécessaires. La priorité a ainsi été
donnée à la lutte contre le djihadisme et aux conflits asymétriques. Les armées
ont supporté depuis les années 1990 l'essentiel des économies budgétaires, avec
une baisse de 20 % entre 2000 et 2015. Leur format a été réduit au-delà du
raisonnable : elles alignaient, en 2021, 203 000 hommes et 41 000 réservistes,
contre 453 000 hommes et 420 000 réservistes en 1991. Depuis cette même année,
le nombre de chars a diminué de 1 349 à 222, celui des avions de combat de 686
à 254, celui des grands bâtiments de surface de 37 à 19. Le surengagement des
forces armées, avec 30 000 soldats déployés en permanence, s'est traduit par
une usure accélérée des hommes et des matériels. Les lacunes capacitaires se
sont accumulées dans des secteurs clés comme les drones, les frappes en
profondeur, le transport aérien, le cyber ou la guerre de l'information.
Objectifs. Ce
modèle a touché ses limites au Sahel, où les succès tactiques de nos armées
n'ont pas empêché une défaite stratégique française, faute d'avoir su
coordonner tous les leviers d'influence, du renseignement et de la guerre de
l'information à la diplomatie et à l'aide économique. Depuis l'invasion de
l'Ukraine, il est totalement dépassé. Le contrat opérationnel de guerre de
haute intensité l'atteste, qui repose sur la mobilisation de 15 000 hommes en
six mois, alors que le conflit ukrainien met aux prises 150 000 hommes du côté
russe et 100 000 du côté ukrainien, auxquels s'ajoutent miliciens et
volontaires. Il nous faut donc reconstruire nos armées et une stratégie globale
de défense.
Que voulons-nous faire ? La priorité consiste à rétablir la
capacité de garantir la sécurité de la France et des Français ainsi qu'à
assurer la continuité de la vie nationale en toutes circonstances, y compris
dans l'hypothèse d'un chantage chimique ou nucléaire. La France, du fait de son
statut de membre permanent du Conseil de sécurité, de la mise en œuvre de la
dissuasion nucléaire et de sa culture opérationnelle, possède par ailleurs une
responsabilité particulière vis-à-vis de ses partenaires européens comme de ses
alliés de l'Otan. Il en résulte trois grands objectifs : la sanctuarisation des
intérêts vitaux de la nation, qui passe par le renforcement de la dissuasion
nucléaire ; la protection du territoire national et de la population ;
l'engagement dans la défense de l'Europe sur sa frontière orientale face à la
Russie comme sur sa frontière méridionale face aux djihadistes.
Nouveau modèle. Comment
le faire ? La France doit s'engager dans la définition et le déploiement
rapides d'un nouveau modèle d'armée. Et ce autour de quatre piliers. Tout
d'abord, la dissuasion nucléaire, dont la doctrine mérite d'être revue pour
être mieux articulée aux forces conventionnelles et prendre en compte celle de
l'armée russe qui retient un scénario d'emploi des armes nucléaires tactiques.
Ensuite, la transformation d'une armée de corps expéditionnaire en une armée
apte au combat de haute intensité, ce qui suppose de réviser son format à la
hausse, de la connecter et de l'entraîner. D'où la nécessité d'un effort
significatif sur les effectifs (augmentés de 50 000 hommes d'ici à 2030), sur
les matériels (cible portée à 250 avions de combat et 20 frégates, équipement
massif en canons et lance-roquettes), sur le comblement des lacunes en termes
de drones, d'hélicoptères, de transport stratégique, sur le durcissement des
systèmes d'information et de commandement, sur l'intégration des systèmes
d'armes sur le champ de bataille, sur la disponibilité des matériels et la
numérisation des soutiens, sur la reconstitution des stocks de munitions et des
pièces détachées. Troisième axe, la défense du territoire, qui invite à
réfléchir à la création d'une garde nationale qui serait couplée au
rétablissement d'un service militaire. Enfin, la nécessaire maîtrise de
l'information, qui est une composante majeure des opérations militaires.
Y mettre le prix. La
France ne peut dès lors échapper à une augmentation immédiate et très
significative du budget de la défense, fixé à 41 milliards d'euros en 2022. La
modernisation de la dissuasion nucléaire suppose de réinvestir au moins 2
milliards d'euros par an. La remise à niveau des stocks de munitions et de
pièces détachées peut être estimée entre 3 et 4 milliards d'euros. La
progression de 3 milliards d'euros par an prévue par la loi de programmation militaire
de 2023 à 2025 devra donc être a minima doublée. Le prochain quinquennat devra
par ailleurs établir une nouvelle loi de programmation militaire pour convertir
nos armées au combat de haute intensité tout en poursuivant la lutte contre le
djihadisme. Les menaces existentielles qui pèsent sur la sécurité de notre
nation ne laisseront ainsi pas d'autre choix que de porter l'effort de défense
à au moins 3 % du PIB. Et ce d'autant plus qu'il faudra veiller à préserver un
équilibre avec l'Allemagne, qui va redevenir une puissance militaire
significative, en plus d'exercer le leadership économique et politique de
l'Union.
Avec qui le faire ? L'adaptation de la doctrine et du système de
défense français doit être conduite en coordination avec nos partenaires
européens et nos alliés de l'Otan. L'objectif doit être de constituer un pilier
européen au sein de l'Alliance tout en garantissant l'interopérabilité des
armées et des matériels. Face à la Russie, l'engagement des États-Unis, dont
100 000 hommes sont stationnés sur le territoire européen, est déterminant.
Vladimir Poutine a rendu sa raison d'être à l'Otan en la recentrant sur la
sécurité collective. Les Européens doivent à la fois prendre en charge tout ce
qui n'est pas couvert par l'Alliance, notamment la lutte contre le djihadisme,
et se mettre en situation de pouvoir agir de manière autonome si la crise de la
démocratie américaine se traduisait par une nouvelle embardée nationaliste et
isolationniste.
Planifier. Mais le
réarmement ne peut être seulement militaire ; il doit être aussi économique,
politique et civique. Il doit s'inscrire dans une doctrine globale qui
coordonne tous les acteurs, des armées aux collectivités locales, aux
entreprises et aux citoyens, du recours à la force et à la lutte informationnelle
jusqu'à la planification d'une économie de guerre et à la résilience de la
société. La guerre de haute intensité implique de planifier la remontée en
puissance de l'industrie de défense et de mettre un terme à ses difficultés de
financement. Elle invite à conforter l'innovation, qui provient désormais du
civil pour irriguer le militaire. Elle oblige à sécuriser la fourniture
d'énergie, les approvisionnements en matières premières et à restaurer notre
autonomie alimentaire. Elle impose de repenser le fonctionnement des armées et
celui de l'État, dont l'épidémie de Covid a révélé les défaillances dans le
domaine de la gestion de crise. Elle engage la société, les élus et les
citoyens, dont la mobilisation est décisive, comme on le constate en Ukraine.
Les démocraties ont perdu la paix après 1989 ; elles ne peuvent
perdre la guerre face aux empires autoritaires. Et l'issue de cette guerre ne
dépend pas seulement des forces armées mais aussi de l'engagement de chacun
pour défendre la liberté et en assumer les coûts. Périclès rappelait à juste
titre que « ce ne sont pas les murs mais les hommes qui
constituent le meilleur rempart des cités » §
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Européennes occidentales devenues
mondiales sans compter les guerres extérieures sur d'autres pays ou continents
qui n'ont jamais cessées mais marginales qu'on a fait semblant d'oublier !
Et où on voit encore la barbarie
et l'ingéniosité des hommes pour s'entretuer de toutes les façons pour
s'enrichir et agrandir leurs pays pour avoir plus puissance et pouvoir qu'ils
ne veulent pas partager !
Mais dans les raisons invoquées il
ne faut pas oublier le fait de la différence des hommes entre eux et leurs
cultures ou religions différentes avec leurs dogmes ancestraux quelque fois moyenâgeux
d’un autre temps qui renaissent qui déclenchent aussi des conflits tout aussi dangereux
et teintés de barbarie !
Car le but de certaines poignées
hommes c’est d’asservir voire avilir d’autres hommes femmes et enfants à leur
botte voir par mysticisme rétrograde de croyances diverses ou simplement par totalitarisme
pur et dure !
Et donc pour ce nouveau conflit
ou d’autres nous vivons dans des pays de soi-disant bisounours avec nos
dirigeants bienpensant donneurs de leçons pratiquant le politiquement hypocrite
et ayant perdu le réflexe de se protéger ou de se défendre croyant à une paix
gagnée définitivement après la fin de la guerre froide, de l’URSS et de la
chute du mur de Berlin !
Nous français pendant ce temps
aujourd’hui on regarde nos chaines de télé et le défilé des prétendants
médiocres à la fonction présidentielle pour probablement réélire notre
président sortant qui ne fera rien de plus !
Car nos concitoyens craignent le
lendemain de cette guerre Ukrainienne et sont devenus des assistés en quête
de vrais dirigeants ceci depuis longtemps!
La liste des dictateurs en place
se porte bien par exemple KIM JUNG UN celui de la Corée du nord qui vient encore
d’envoyer un missile dont on ne sait même pas la nature !?
Car prévoir et anticiper c’est
bien gérer le pays depuis 40 ans nos dirigeants de tous bords ils ne savent
plus faire (l’ont-ils su avant ce n’est pas sur) alors prions pour que le dictateur
russe dérangé ne dérape pas et déborde sur l’Europe !?
Jdeclef 24/03/2022 09h59
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