L'attaque de la statue de Sétif réveille le cauchemar des
années du terrorisme de masse
À Sétif, l'attaque au
burin de la statue d'Ain El Fouara rappelle les scènes de Daech détruisant les
colosses de Bâmiyân. Tout un symbole bien loin de rassurer.
En
cette froide matinée dans le centre-ville de Sétif, à 300 km à l'est
d'Alger, A. A., 34 ans, en barbe et qamis, armé d'un marteau et d'un
burin, s'attaque à la statue d'Ain El Fouara, la « source de la
fontaine », une belle naïade, nue, de marbre, sculpté par l'artiste
français Francis de Saint-Vidal en 1898.
Sur
des vidéos qui ont fait le tour du Web algérien ce matin, on voit le forcené
s'acharner sur la nymphe de marbre, rejouant l'horrible scénographie des
daechiens détruisant les statues mésopotamiennes ou des talibans dynamitant les
colosses de Bâmiyân. Des Sétifiens tentent de le stopper en lui jetant des
pierres et des barres de fer, mais A. A., déclaré « 100 % déficient
mental » par la police en fin de journée de lundi, enrage et s'attaque à
la poitrine et au visage de la statue qui garde la « source de la fontaine »,
symbole de la ville et dont la légende raconte que, une fois qu'on a bu son
eau, on y revient inéluctablement.Deux policiers escaladent le monument, l'un prend l'assaillant de revers pour lui arracher le marteau, le second, qui évite de justesse un coup de marteau, arrive à maîtriser l'agresseur. Un jeune homme jaillit du milieu des badauds pour frapper le barbu avec une pelle : policiers et civils autour l'en empêchent. Des insultes fusent. Tension. Colère. Dans tout le pays, la scène filmée par les curieux à ce moment-là devient hautement virale. L'image choque. C'est un « remake » des années de feu dans un pays qui a vécu presque vingt ans de violence terroriste.
Le
réveil de souvenirs douloureux
Ce
n'est pas la première fois que la statue d'Ain El Fouara subit une tentative de
destruction. Mardi 22 avril 1997, une bombe est placée sous le socle
qui soutient la belle dame. Elle explose en morceaux. Elle
renaît 48 heures plus tard. Vendredi 31 mars 2006, un
anti-daechien de 26 ans lui explose la figure. La belle dame est
reconstituée. En 2015, un imam de Constantine décrète illicite de se rendre à
cette fontaine et de boire de son eau. Il n'a pas appelé à sa destruction.
« C'est tout comme. Il arme les bras des daechiens », rappelle, sur
sa page Facebook, le journaliste Farid Alilat. Il n'est pas le seul. Avant même
que des médias électroniques algériens ne prennent le relais de la diffusion de
cette agression qui rassemblait toutes les caractéristiques d'un acte
intégriste, le Facebook et le Twitter algériens s'enflamment. « Les Afghans
sont parmi nous... Quelle tristesse pour mon pays ! Quelle
Honte ! » ; « L'obscurantisme à l'œuvre ! Pauvre
arriéré, cette statue est un héritage du pays. Personne ne la vénère, elle ne
fait de mal à personne, c'est un monument de Sétif. C'est un vrai terroriste,
ce monsieur » ; « Que dire de cet acte barbare de ce bâtard à
Sétif...On récolte ce que les wahhabites et les daechiens ont enseigné depuis de nombreuses années. Voilà le résultat » ; « celui qu'une œuvre d'art réveille la libido de cette manière devrait se soigner »… Sarcastiques, des internautes algériens ont baptisé l'agresseur « Abou marto » ( « l'homme au marteau » en empruntant le « Abou » des terroristes) en réalisant des montages où on voit la statue de la Liberté se cacher face à lui ! Certains Algériens, en général férus de satires pour conjurer l'horreur, n'y vont pas de main morte : « Après l'incident d'Ain El Fouara à Sétif, la mairie d'Alger centre a décidé d'enlever les couilles du cheval de l'émir Abdelkader par précaution, de peur d'exciter les zoophiles des environs ! » Mais d'autres préfèrent l'engagement : Adel, photographe amateur, a publié toute la journée sur sa page Facebook les photos de la statue attaquée, mais aussi d'autres statues nues à Alger et ailleurs. En parallèle, des « supporteurs » de l'acte de sabotage se sont exprimés sur les réseaux sociaux : « Elle est nue, comment peut-on passer devant elle avec nos mères et nos sœurs, il a raison de détruire cette idole » ; « De quel patrimoine on nous parle ? C'est une femme nue devant tout le monde, c'est une honte ».
Dénonciation
officielle
En
fin de journée, le ministère de la Culture algérien a dénoncé la dégradation du
monument sétifien alors que, quelques heures plutôt, les autorités locales,
civils et militaires, se sont rendues sur le lieu de l'incident, assurant que
la restauration de la statue sera prise en charge par l'État dans les plus
brefs délais. « Fou ou pas, ce ne sont que des agissements à caractère
terroriste, dans le prolongement de la doctrine du GIA », a confié une
source sécuritaire au Point Afrique ce dimanche soir. Daïkha Dridi, journaliste
au Huffington Post Algérie, qui a vécu et travaillé en Algérie durant les
années de sang et de feu, lâche son cri de douleur pour recentrer les débats,
au-delà des discours de dénonciations événementielles, appelant l'homme
algérien à dénoncer les violences contre les femmes, la véritable question
selon elle : « Ce qu'ils nous font est possible parce que vous les
laissez faire. Une amie émue m'a raconté aujourd'hui qu'à Sétif, lorsque la
statue dynamitée par les GIA pendant les années 90 avait été
restaurée, les Sétifiennes sont venues en grand groupe le soir, les
grands-mères aux premiers rangs, lui mettre du henné sur les cheveux. Ce soir,
elles doivent toutes la pleurer, leur sœur de pierre. »
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Et
ce malgré ses richesses énergétiques de son sous-sol, dont elle dispose, qui en
fait un pays riche, mais ne profitant pas au peuple avec des vieux dirigeants
totalitaires qui n’ont jamais su gérer leur pays autrement qu’à leur profit !
Et
qui n’ont pas tiré un trait sur la guerre d’indépendance avec la France dont
pourtant la majorité de la jeunesse importante de ce pays n’a pas connue
celle-ci !
C’est
très dommageable pour le peuple algérien et un problème toujours latent avec la
France dont on devrait enfin ne plus s’occuper, plutôt que de garder des liens
stériles avec ce pays !
Jdeclef
19/12/2017 12h26 LP
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