dimanche 3 décembre 2017

La France ne doit pas tomber dans le piège de ses indépendantistes corses extrémistes !

Corse : « Les nationalistes ont accompli ce qu'En marche ! A fait sur le continent »

Le politologue Jérôme Fourquet estime que les nationalistes ont tiré profit du « dégagisme » et continuent d'asseoir leur domination dans l'île. Entretien.

Alors que de nouvelles élections régionales se dérouelent dans l'île les dimanches 3 et 10 décembre, Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop et auteur de La Nouvelle Question corse (éditions de L'Aube), analyse les scrutins intervenus depuis les primaires de droite et de gauche. Dans une note de 25 pages pour la Fondation Jean Jaurès, le politologue explique pourquoi les nationalistes, au pouvoir depuis les régionales de 2015, ont tiré profit du « dégagisme ». Et continuent à asseoir leur domination dans l'île. Nous l'avons rencontré.
La Corse aux portes d'une « révolution institutionnelle »
Le Point : Quelle analyse faites-vous des derniers scrutins en Corse ?
Jérôme Fourquet : Il y a deux tendances majeures. D'une part, la thématique de l'immigration et la question identitaire demeurent prégnantes dans l'île. On a en tête les événements de Sisco et du quartier des jardins de l'Empereur à Ajaccio (à Sisco, une violente bagarre avait dégénéré sur une plage et opposé, le 13 août 2016, trois hommes d'origine maghrébine à une quarantaine de villageois ; le 24 décembre 2015, des incidents violents éclataient dans le quartier métissé des jardins de l'Empereur à Ajaccio à la suite de l'agression d'un équipage de sapeurs-pompiers, NDLR). Ceci s'est traduit électoralement notamment par un vote massif pour Marine Le Pen à la présidentielle, où elle a atteint 48,5 % des voix au second tour. Cela s'était également manifesté à la primaire de la droite, où les candidats les plus « droitiers » se sont imposés. Quelques mois plus tard, Manuel Valls, pourfendeur de l'islamisme, a devancé Benoît Hamon lors de la primaire du PS. L'autre tendance a trait à la défense de l'identité corse et à la volonté d'une prise en compte de ses spécificités, qui a conduit à la victoire des nationalistes aux régionales de 2015. Mais ce tropisme s'exprime aussi dans les scrutins nationaux, aux législatives par exemple, avec la conquête historique de trois circonscriptions sur quatre, et également lors de la primaire de droite avec Sarkozy qui était allé loin sur la question du statut de la Corse. À la présidentielle, les prises de position de Jean Lassalle sur des thématiques en vogue comme le statut de résident, les prisonniers dits « politiques » ou la co-officialité de la langue corse ont été entendues, puisque c'est en Corse qu'il fait son meilleur score.
Quelles ont été jusqu'à présent les clés de la dynamique nationaliste ?
Plusieurs facteurs ont alimenté ce mouvement de fond. Le premier tient au besoin de renouvellement de la vie politique. Les « natios » ont accompli en Corse ce qu'En marche ! a fait sur le continent : un dégagisme politique déboulonnant les vieilles forces en présence. Le combat contre le clanisme, c'est-à-dire la gestion de la politique par les mêmes familles depuis le XIXe siècle, est en effet un des chevaux de bataille des « natios ». Les vieilles familles Giacobbi, Zuccarelli, Rocca Serra ont été balayées comme les représentants du vieux monde politique ont été balayés sur le continent.
Pourquoi est-ce un « mouvement de fond » selon vous ?
Historiquement, les nationalistes ont été « plombés » par leurs divisions et le recours à la violence. Le renoncement clair et net à la lutte armée avec l'arrêt de la clandestinité du FLNC, en juin 2014, a crédibilisé et normalisé le nationalisme comme force politique responsable et présentable. En gagnant une grande ville comme Bastia, puis la collectivité territoriale, les « natios » ont fait preuve par ailleurs de leur capacité à gérer sans violence et sans difficulté de grandes collectivités locales. Et au second tour des régionales, comme cette année, dès le premier tour des législatives, ils ont su se rassembler et présenter des candidats d'union, ce qui a alimenté leur dynamique, alors que les autres forces politiques apparaissaient très divisées. Enfin, les nationalistes ont dicté l'agenda politique et su mettre au cœur du débat toute une série de sujets très populaires : la protection du littoral avec interdiction du bétonnage des côtes, la co-officialité de la langue corse, le rapprochement des prisonniers « politiques » sur l'île, la maîtrise du foncier, le statut de résident, la préférence insulaire à l'embauche, etc. Non seulement ces thématiques sont populaires, mais bon nombre d'acteurs politiques locaux les ont reprises à leur compte, venant ainsi légitimer leur programme.
Par rapport au reste du pays, LREM semble être à l'arrêt en Corse. Vous parlez même de « contre-performance ». Pourquoi ?
En marche ! n'a pas vraiment pris en Corse. Macron a été devancé par Le Pen et Fillon au premier tour de la présidentielle, et ses représentants sont arrivés troisièmes au premier tour des législatives dans deux circonscriptions, et seconds dans les deux autres. Hormis le fait que le créneau du renouvellement politique ait été préempté sur l'île par les nationalistes, LREM n'a, de plus, manifestement pas misé sur les bons chevaux, plusieurs de leurs candidats ayant partie liée avec le « système » et les notables, et notamment le clan Giacobbi.
Vous soutenez que le score important du FN en Corse à la présidentielle peut s'analyser comme « l'affirmation d'un sentiment d'appartenance à la nation française ». Pourquoi ?
Le très puissant vote en faveur de Marine Le Pen renvoie, certes, à une sensibilité exacerbée de la société corse à la problématique de l'immigration et aux vives tensions intercommunautaires. Mais ce vote peut aussi s'analyser comme l'affirmation radicalisée d'un sentiment d'appartenance à la nation française dans un contexte où les régionalistes corses ont marqué des points ces dernières années. En Corse, comme en Nouvelle-Calédonie, territoire où la question de l'indépendance et du rapport à la France se pose d'une manière encore plus aiguë avec la perspective du référendum en 2018, les reports des électeurs de François Fillon sur Marine Le Pen au second tour ont été beaucoup plus élevés qu'ailleurs, ce qui accrédite la thèse d'un durcissement de l'électorat de droite local autour de l'enjeu national et du lien à la France.
Mais lorsque les nationalistes sont présents dans la même élection, le FN obtient des résultats confidentiels...
En effet, ce vote très élevé pour le FN à la présidentielle s'accompagne de scores beaucoup plus faibles lors des élections locales, comme aux régionales. On peut alors faire l'hypothèse que lors des scrutins locaux, les notables insulaires et les « natios » captent une partie significative de l'électorat frontiste, soit grâce à des logiques clientélistes ou de proximité pour les notables, soit sur un aspect programmatique : la défense de l'identité corse, pour les nationalistes. Il est d'ailleurs intéressant de constater que, lors des dernières régionales, le FN a fait ses meilleurs scores dans les communes où la proportion d'électeurs originaires du continent était la plus importante. Tout se passe donc comme si le FN pouvait compter aux élections locales principalement sur son électorat continental, et qu'à ce noyau dur venaient s'agréger à la présidentielle les voix de très nombreux électeurs « autochtones », c'est-à-dire nés en Corse.
Vous évoquez à plusieurs reprises les vieux « systèmes » politiques corses. Pensez-vous qu'un nouveau « système » est en train de s'installer ?
Il est encore tôt pour le dire. Mais on a assisté en trois ans à la dislocation des vieux camps politiques corses : les Zuccarelli à Bastia, l'implosion du giacobbisme et la chute de Rocca Serra à Porto-Vecchio. En parallèle, une nouvelle force nationaliste devient dominante avec une large assise sociologique. Les « natios » ont défait les vieux clans et ont résisté à la vague d'En marche !. S'ils remportent les prochaines régionales, ils auront avec le nouveau modèle institutionnel corse qui se profile – une collectivité unique fusionnant les deux départements et la région – un pouvoir que les autres familles politiques n'ont jamais eu dans l'île. C'est-à-dire des leviers plus importants sur les finances, les subventions et l'emploi public puisque la nouvelle collectivité emploiera près de 5 000 agents pour une île qui compte 320 000 habitants. C'est inédit dans l'histoire de la Corse et sans pareil sur le continent puisque le pouvoir est dispersé entre les conseils régionaux et départementaux. S'ils gagnent, ils auront tous les leviers, sans force politique solide pour s'opposer à eux.
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Ce n’est pas parce qu’ils ont donné l’empereur NAPOLÉON aux français, qu’ils doivent attraper la grosse tête !

Que les 320000 Corses réfléchissent bien avant d'avancer vers une indépendance ou une pseudo autonomie !

Car ce n’est pas une poignée d’indépendantistes illuminés qui doivent décider de leur avenir qui est loin d’être écrit !

Cette petite ile près de la France à la différence de nos DOM/TOM très éloignés, comme la nouvelle CALEDONIE qui va voter pour savoir si elle veut rester française, fait partie intégrante territoriale de la métropole !

L’exemple du fiasco avec la CATALOGNE en Espagne devrait leur montrer que ce n’est pas si facile que çà et c’est logique !

Un pays démocratique vote ses lois et son organisation et administration territoriale pour tous les français et pas seulement pour certains qui font leurs petites affaires régionales, c’est la seule façon d’avoir un pays uni au regard de son histoire ancestrale !

Si l’on commence à morceler la France, on fera une grave erreur, car depuis le brexit par exemple (que les anglais regrettent déjà d’ailleurs) et pourtant l’ANGLETERRE est un grand pays !

Car cela risque de donner des idées indépendantistes ou autonomistes stupides qui forceraient à transformer la France en un état fédéral, comme la Belgique ou la Suisse voir les USA qui ont leur défaut etc.!

Cela peut se comprendre à long terme pour nos DOM/TOM ex colonies, mais pas pour la métropole française qui doit rester indivisible pour rester assez puissante au niveau international et européen !

L’état français n’est pas encore prêt à changer cela, n’en déplaisent à ceux qui ont « les yeux plus gros que le ventre ou attrape la grosse tête » en imitant certains autres !

Regardons déjà les problèmes que nous avons avec nos ex colonies Africaines (ex AOF/AEF) dont on a beaucoup de mal à couper le cordon malgré leurs indépendances depuis des décennies !


Jdeclef 03/12/2017 11h12 LP

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