Notre-Dame-des-Landes : Macron et l'aéroport à galères
Comment évacuer la ZAD ? Comment rester « l'homme
du climat » ? Comment ne pas fâcher Hulot ? Tour d'horizon des
dilemmes qui tourmentent le chef de l'État.
Si les trois experts ont toutes ces données en tête, le résultat de leurs travaux – qui doit être rendu public mercredi – ne tranchera pas. Ni en faveur du nouvel aéroport ni pour défendre l'extension de l'actuelle infrastructure de Nantes-Atlantique. Il exposera des faits qui n'ont jusqu'alors pas été mis sur le devant de la scène et sur lesquels seuls Emmanuel Macron et le gouvernement s'appuieront pour prendre une décision finale sur ce projet d'aéroport aux enjeux épineux.
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L'enjeu écologique
Voilà
des dizaines d'années que pro et anti-aéroports se déchirent sur cette
question. Quel camp sera le plus écolo ? Le chantier doit voir le jour sur
une grande zone humide préservée. C'est plus de 1 600 hectares sur
lesquels travaillent des agriculteurs, plusieurs rivières y coulent et pas
moins d'une centaine d'espèces protégées y vivent. Pour les opposants, et
notamment Europe-Écologie-Les
Verts, la destruction de ce bocage au profit d'une infrastructure représente
« un projet très dangereux ».Les partisans de NDDL, eux aussi, mettent en avant la problématique environnementale. Pour eux, hors de question d'agrandir l'actuel aéroport de Nantes-Atlantiques, car de tels travaux mettraient en danger la faune et la flore du lac de Grand-Lieu, une zone protégée et classée Natura 2000 déjà située en plein couloir aérien.
Emmanuel Macron n'ignore aucun de ces arguments. Comment lui, l'homme du « make planet great again », va-t-il se sortir de ce bourbier écologique ? Alors qu'elle organisait la grand-messe du One Planet Summit mardi, la France entend bien continuer de jouer le rôle de porte-voix d'une transition écologique à l'échelle mondiale. Un enclenchement de la construction de l'aéroport pourrait ainsi apparaître comme une tache indélébile sur son ambition d'homme du climat. Il le sait d'autant plus que dans une interview au Monde daté de mercredi, il a indiqué que la décision finale sera prise selon « les intérêts climatiques » en plus des « aspects démocratiques et économiques ».
Dans les quelques éléments qui ont déjà fuité du rapport des trois médiateurs, un point précis évoque d'ailleurs le bilan carbone : une rénovation de Nantes-Atlantique émettrait moins de gaz à effet de serre que la construction d'un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes, mais elle entraînerait la destruction de plusieurs zones humides. Bref, existe-t-il une bonne solution écologique ? Pas si sûr.
Lire également : Le roman noir de Notre-Dame-des-Landes
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L'enjeu politique
C'est
certainement LA question centrale du dossier : comment évacuer la ZAD
(« zone à défendre ») de ses occupants ? Si
Notre-Dame-des-Landes est un casus belli éminemment technique en
Loire-Atlantique, la question de l'autorité de l'État interroge l'ensemble du
pays. En 2012, l'opération César avait été un fiasco total pour le gouvernement
de Jean-Marc Ayrault.
Les garde-mobiles s'étaient enlisés dans le bocage humide, forcés de battre en
retraite face à des militants survoltés et déterminés.Que le chantier voie ou non le jour, la ZAD devra être évacuée. Pire, elle devra être sécurisée pour éviter une nouvelle occupation devenue « quasi-militaire », comme le décrit le secrétaire d'État Christophe Castaner. En effet, dans les bois de Notre-Dame-des-Landes, les zadistes les plus radicaux s'arment et minent le terrain. Lames de rasoir soudées sur des boules de pétanques, acide, cocktails Molotov, herses à clous géants et pièges variés... Les forces de l'ordre tiennent un catalogue méticuleux de leurs méthodes d'action. « Ils sont peu nombreux, mais savent s'organiser. Et ils peuvent mobiliser d'une façon fulgurante. Du jour au lendemain, on peut passer de 200 à plus de 1 000 manifestants », observe une source policière au Point qui a participé à César.
Dans son livre Pour que chaque jour compte, l'ancien ministre Bernard Cazeneuve a fait le calcul. Il estime que le tiers des forces mobiles nationales est nécessaire sur place. Encore faudra-t-il sécuriser la zone sur le long terme. À l'Élysée comme à Beauvau, le drame de Sivens hante encore les murs. L'éventualité d'un mort lors d'une intervention massive des forces de l'ordre, en pleine période de fêtes ou avant l'anniversaire de l'élection d'Emmanuel Macron, fait frémir. Mobiliser une large part des forces de l'ordre du territoire en pleine menace terroriste, est-ce bien raisonnable ?
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L'enjeu Nicolas Hulot
Il
le jure, ce n'est pas une ligne rouge. Et il n'en fera aucun chantage.
« Si j'obtiens des choses dans un rapport de force au sein de l'exécutif,
ce n'est pas sain du tout. Je m'épuiserai, ils s'épuiseront et on s'agacera
mutuellement », déclarait récemment le ministre de la Transition
écologique aux Échos.
Reste qu'il ne cache pas son opposition, encore aujourd'hui. « Je suis
contre, et je resterai contre même si on le fait », a-t-il confié à un
visiteur du soir.Démissionnera-t-il ? Personne ne le sait, pas même Emmanuel Macron qui bichonne son ministre le plus populaire tant que faire se peut. « Il sait parfaitement que faire l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, c'est perdre Hulot », estimait un ministre en novembre dans nos colonnes. Un des amis de l'ancien présentateur d'analyser : « Le président de la République ne peut pas éluder que si Nicolas s'en allait, c'est sa [cote de popularité] qui dégringolerait. » Notre-Dame-des-Landes vaut-il un ministre ?
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L'enjeu économique
Eux
aussi mettent la pression. Entrepreneurs bretons et ligériens plaident depuis
des années pour la réalisation de l'aéroport. Une aubaine économique pour le
territoire, jurent-ils à l'unisson. Mais avant d'y voir un potentiel
économique, le chef de l'État et Bercy ont les yeux rivés sur une autre
calculette. Selon les médiateurs auteurs du rapport commandé par le
gouvernement et dont quelques éléments ont déjà fuité, le coût du réaménagement
de l'aéroport existant est fixé entre 415 et 545 millions.
Bien moins que les 825 millions d'euros estimés par la Direction
générale de l'aviation civile (DGAC) dans leur rapport de 2013, et bien
plus que les 175 millions avancés par les opposants à
Notre-Dame-des-Landes.La question des coûts ne s'arrête pas là. Si le gouvernement penche pour l'abandon – et donc l'extension aéroportuaire de Nantes-Atlantique –, il faudra ajouter aux 415 millions une lourde indemnité à verser à Vinci, le porteur du chantier. Une clause de résiliation du contrat entre l'État et le concessionnaire prévoit le versement d'une compensation financière avoisinant les 300 millions, en plus de divers paramètres dont le manque à gagner sur les 55 années d'exploitation du futur aéroport.
Dans le même temps, un abandon du projet serait autant d'économies pour l'État en termes de travaux annexes dont il aura la charge : liaison de transport en commun jusqu'au nouvel aéroport, dessertes ferroviaires, etc. Le coût en est estimé à 420 millions d'euros. Un des rares chiffres sur lequel opposants et partisans semblent s'accorder.
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Ce
n'est pas un cauchemar, mais une honte de ces gouvernements de tous bords depuis
40 ans qui n'ont su que palabrer comme toujours sans être capable de dégager
une décision et qui représente bien la difficulté de gouverner le peuple
français !
Ce
qui force E.MACRON parce qu'il est le nouveau président de décider pour clore
ce dossier, mais qui de toute façon quel que soit sa réponse ne plaira pas à
tout le monde !
Et
surtout, après faire appliquer ce qui aura été acté, par lui, ce qui est
pitoyable !
Jdeclef
13/12/2017 15h06 LP
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