lundi 4 décembre 2017

Les guerres de religions quelle qu'elles soient sont la bassesse de la nature humaine Et personne ne veut en prendre conscience !

Ces soufis que les islamistes veulent détruire

Égypte. Après l'attentat du Sinaï, Éric Geoffroy, auteur de « L'islam sera spirituel ou ne sera plus », explique les particularités de ce courant de l'islam.

Éric Geoffroy : Pour les djihadistes, comme pour les wahhabites, dont ils s'inspirent, le soufisme est une déviation de l'islam. Ses fidèles seraient coupables d'« associationnisme » (chirk), c'est-à-dire d'associer au culte du Dieu unique, Allah, celui des saints. Au XIXe siècle, les wahhabites ont ainsi massacré des fidèles en Irak et, quand ils ont pris Médine, ils ont détruit les tombeaux, dont celui réputé être celui de Mahomet. Mais cela n'a aucun sens. Depuis le Xe siècle, le soufisme est la voie spirituelle de l'islam. Celle qu'ont suivie des personnalités aussi brillantes et inspirées qu'Al-Ghazali ou Ibn Arabi. Même Ibn Tamiyya, l'idole des salafistes d'aujourd'hui, était soufi, nous en avons des témoignages écrits. Quant au prétendu culte des saints, certes, il accompagne un certain soufisme populaire, mais on peut aller se recueillir sur le tombeau d'un saint sans pour cela l'adorer comme un dieu. Et, si une femme dépose un ruban sur une tombe en priant le saint de lui rendre la santé, ce n'est pas du soufisme, c'est de la superstition.
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Comment définir le soufisme ?
C'est une manière intériorisée et spirituelle de vivre sa foi qui s'est répandue à partir du Xe siècle environ dans l'islam sunnite, par réaction à une vision de la foi trop juridique, qui manquait d'âme et de sensibilité. Il ne s'agit pas seulement pour le fidèle de faire ses cinq prières pour vivre sa foi. Il doit aussi s'interroger sur le véritable enseignement de l'islam. Qui est vraiment le Prophète ? Quelle est la signification du jeûne de ramadan ? Il ne s'agit pas de répéter des gestes sans réfléchir. Le soufi recherche le sens caché du dogme et des rites, afin de mieux comprendre et de mieux se comprendre. Le soufisme, c'est la liberté intérieure.
Il est souvent présenté comme un ésotérisme, un enseignement caché fondé sur la relation de maître à disciple...
Oui, c'est vrai, mais ce n'est une relation ni mystérieuse ni de soumission. Ce lien doit servir à découvrir ce qui est en soi. Dans le soufisme, tout part de l'individu. Il s'agit d'arriver à voir le monde différemment, de percevoir le Coran avec sa multiplicité de sens et d'atteindre cette sagesse et cette miséricorde qu'a enseignées Mahomet. Les soufis vivent la complexité du monde ; ils sont ouverts sur lui. Au XIIIe siècle, le mystique iranien Rumi, qui est à l'origine des derviches tourneurs, écrit : « Viens, viens, viens... Qui que tu sois, viens ! Viens, que tu sois infidèle, idolâtre ou païen. [...] Même si cent fois tu es revenu sur ton serment, viens ! » C'est une pensée tolérante, ouverte à l'autre.
Mais est-ce une approche populaire de l'islam ?
Les grandes confréries traversent les classes sociales. Un ministre y côtoie des gens du peuple. Mais certaines sont plus populaires, notamment en Égypte. À Bir al-Abed, les hommes et les femmes étaient des gens simples qui venaient prier le vendredi. La confrérie al-Jaririya, qui possède la mosquée, est une branche de l'Ahmadiyya Badawiyya, une confrérie très ancrée en Égypte. Mais le soufisme se pratique aussi à un niveau intellectuel très élevé. Ahmed el-Tayeb, le cheikh actuel d'Al-Azhar – qui reste une référence majeure dans l'islam sunnite –, est un soufi et ne s'en cache pas. Mais avant lui un grand réformateur comme Mohamed Abduh l'était aussi. Même Hassan el-Banna, le fondateur des Frères musulmans, est passé par le soufisme. Son organisation a d'ailleurs été construite sur le modèle des tariqas, ces organisations qui, depuis le XIIe siècle, fédèrent les fidèles. Mohamed Iqbal, le père spirituel du Pakistan, était un disciple de Rumi, l'un des plus grands soufis.
Les victimes de Bir al-Abed appartenaient à la confrérie Al-Jaririya. Son leader, cheikh Souleiman Abou Heraz, a été égorgé par Daech le 19 novembre 2016. Il venait de décréter au nom de sa confrérie que les djihadistes étaient des « hérétiques adeptes d'une doctrine déviante non conforme aux préceptes islamiques ». Les confréries ont-elles un grand pouvoir spirituel ?
Certes, et pas seulement. Elles ont non seulement donné un cap spirituel, mais elles ont aussi joué un rôle social majeur, protégeant et soignant en période d'épidémie ou de famines, enseignant aux enfants le Coran et, dans certains pays, défendant même les terres d'islam. L'émir Abdelkader, qui a combattu les Français avec la vaillance que l'on sait, était un grand soufi. Les tariqas peuvent être des acteurs politiques importants. Au Sénégal, aucun président ne peut être élu, dit-on, sans l'appui de la confrérie mouride. Relativisons, toutefois. Notamment parce que de grands réformateurs comme Abduh ou Iqbal ont critiqué certains aspects sclérosés des confréries, elles ont été perçues après les indépendances comme des freins au développement. En Algérie, par exemple, sous Boumediene, les chefs des tariqas ont été emprisonnés. Mais on a commencé à prendre conscience de leur importance.
Dans l'islam ? Il semble que le salafisme y progresse plus vite que les recrutements soufis...
Les temps changent. Le pouvoir saoudien cherche à rompre le pacte de 1745 qui le lie au wahhabisme... Le fanatisme djihadiste gêne aujourd'hui tout le monde. Les musulmans prennent conscience qu'ils ont été déformés par une vision de l'islam rigoriste et sclérosante, sans âme. Le soufisme, au contraire, propose une manière épanouissante de vivre cette religion. En témoignent, par exemple, les danses des derviches tourneurs, ainsi que son important patrimoine musical. Le soufisme dit que la religion peut être vécue dans la beauté. Mahomet n'a-t-il pas dit que « Dieu est beau et aime la beauté » ? Depuis les années 1970-1980, l'échec du panarabisme et de l'islamisme politique a amené beaucoup de musulmans à rechercher des repères spirituels et non idéologiques. En Algérie, après le terrorisme des années 1990, toutes les instances du pays, le chef de l'État lui-même, poussent à revivifier la présence du soufisme comme voie de paix. En fait, personne n'en parle en Occident, mais auprès des jeunes il est en compétition avec l'islamisme. Dans le Sinaï égyptien, le soufisme réussit là où les militaires échouent.
Mais les djihadistes ne sont-ils pas allés trop loin ? Les victimes de Bir al-Abed préparaient le Mawlid, la fête du Prophète. N'est-ce pas là un devoir sacré ?
Non, car pour eux, c'est aussi de l'associationnisme. Or même en Arabie saoudite le Mawlid est de plus en plus souvent fêté. Le wahhabisme est en train de se fissurer. Et les djihadistes savent que pour eux cette évolution est dangereuse. Mais je dois souligner un autre point : les soufis du Sinaï sont loyaux envers le gouvernement égyptien. La confrérie attaquée vendredi dernier est reconnue officiellement au sein du Conseil suprême des confréries soufies, l'Égypte étant le seul pays en islam à avoir fondé ce type d'institution étatique. Pour les djihadistes, qui entendent créer une enclave indépendante dans le Sinaï, cette allégeance à l'État égyptien ne peut que renforcer la haine.
Que font les confréries soufies pour lutter contre le djihadisme ? Même si cette attaque est d'une ampleur exceptionnelle par le nombre de morts, ce n'est pas la première fois que les soufis sont pris à partie par les fondamentalistes...
L'islam est pluriel. Il existe bien un semblant d'organisation interconfrérique, mais elle est inefficace. Des individualités se dressent comme le cheikh d'Al-Azhar, mais il n'existe pas d'organisme mondial visible. En France, il y a deux ans, a été fondé un Rassemblement des soufis de France, guère actif. Il est urgent pourtant que le message de paix et de sagesse du soufisme soit diffusé de façon plus large. Et de lutter contre le lavage de cerveau pratiqué depuis plus d'un siècle par les wahhabites : musulmans comme non-musulmans ne doivent plus faire l'amalgame entre soufisme et confrérisme.
Soufi vous-même, vous appartenez à l'Alawiya, une confrérie très puissante en Algérie et en Europe, mais vous militez pour le transconfrérisme...
Dans le monde musulman, les confréries sont parfois trop liées à tel État, à telle faction, voire à telle tribu, comme dans le Sinaï. En Occident, il est temps de faire éclore un soufisme où chacun trouve librement son ancrage. Cela répondrait mieux à l'évolution de la société. Le temps de la vénération des maîtres, souvent abusive, est dépassé : le guide spirituel est un « accoucheur » ; il est là pour vous éveiller à votre liberté intérieure.
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Malgré le fait qu'elles divisent les hommes depuis des siècles par des actes quelque fois barbares inconcevables dans un monde qui se dit moderne, mais qui se comporte comme au moyen-âge en régression vers un âge des ténèbres !

C'est comparable au racisme, malgré aussi ce qu'en pensent les bien-pensants hypocrites!

Et on continue à s'entretuer entre nous, pour des croyances mystiques, n'y a-t-il pas des hommes peut être plus intelligents que la masse des pauvres gens qui croient à n'importe quels dieux pour faire comprendre cela a tous les êtres humains ?!

Les humains sont différents entre eux, quoi que l'on dise, alors il ne faut pas plus les diviser par des religions ?!

Alors bien que cela paraisse utopique, si il n'y avait plus de religions ou de croyances diverses ne serait-on pas plus heureux ?!

Nos philosophes érudits savants ou grands penseurs dans l’humanité devraient se poser la question et y penser sérieusement avant que l'on termine de se détruire !


Jdeclef 04/12/2017 09h52 LP

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