PS : les derniers jours de Solférino
Vallsistes, cambadélistes, hamonistes, voire mélenchonistes…
Au siège bientôt vendu du Parti socialiste, l'heure est aux règlements de
comptes.
Exit donc les 3 000 mètres carrés de l'hôtel particulier du 7e arrondissement de Paris, l'ancien palais de la princesse de Broglie, héritière des sucres Say. Ce déménagement pourrait ne pas être traumatisant, car, on l'oublie, mais depuis la SFIO en 1945, le parti a changé sept fois d'adresse dans la capitale. Il n'en demeure pas moins que c'est ici, à « Solfé », que François Mitterrand fêta le 10 mai 1981 son élection à la présidence. Ici encore que le même Mitterrand, malade, vint en mai 1995 faire ses adieux. Ici toujours que, le 6 mai 2007, Ségolène Royal promit aux militants de les « conduire vers d'autres victoires ». On découvre à ce propos que, pour parvenir à cette terrasse, l'ex-compagne de François Hollande dut emprunter un escalier de service, traverser deux bureaux, contourner une table et enjamber une fenêtre. Solférino, c'était le monde ancien, la dernière maison de famille.
Livre
d'or
De
famille il n'est plus du tout question au siège
moribond : 130 salariés en 2016, 96 aujourd'hui. Le
parti de Léon Blum licencie. Seuls 40 postes seront conservés.
« Ce n'est pas la meilleure ambiance que j'ai connue », admet le
trésorier. En octobre, le chauffage tombe en panne. Pendant deux semaines, le
froid polaire décourage les derniers volontaires. Salles de réunion fermées,
cafétéria abandonnée, on avance entre des rangées de pièces sombres. Sur les
bureaux, tasses de thé desséché et courriers abandonnés. Le silence est épais
et la décoration anachronique, tant tout invite à se demander quand ce lieu fut
occupé la dernière fois.Aux murs, des affiches convient à une réunion où Jean Jaurès prendra la parole devant les travailleurs. Posée au-dessus d'une armoire métallique, une photographie de Michel Rocard de guingois dans son cadre. Un poster de Lionel Jospin promet la victoire à la présidentielle de 2002. Et, devant l'escalier central majestueux, les portraits de tous les premiers secrétaires, parmi lesquels François Hollande est le seul à se passer de cravate. Pas de Jean-Christophe Cambadélis, qui en trois ans de mandat n'aura pas eu le temps d'organiser la prise de vue. Son bureau, vaste pièce au 1er étage, est clos. « Il l'a vidé en deux heures et a tout jeté dans la benne », témoigne un salarié. Le bâtiment ressemble à un château de la Belle au bois dormant, dont le dernier maître de maison aurait été François Mitterrand ; ses affiches de campagne s'y pavanent. Dans la salle Georges-Dayan, député et intime du vainqueur de 1981, à côté de la poubelle, le livre d'or de la maison hantée. Il commence le 10e anniversaire de la mort du premier président socialiste de la République et reçoit son dernier paraphe en décembre 2016... Depuis, c'est la débandade.
« On
s'en BAP les couilles »
Dans
ce décor mortifère, les derniers jours de Solférino sont houleux. Règlements de
comptes, bagarres, malaise d'une employée. On se hait avec passion entre
compagnons à la rose. Paul – appelons-le ainsi – est embauché pour une mission
d'un an en juin 2016. Militant depuis le lycée, il croit intégrer un cénacle de
pairs, des socialistes comme lui. « Je pensais que les salariés du siège
avaient tous leur carte et je leur demande naïvement : toi, tu milites
où ? Pas de réponse. » Car, surprise, ses voisins de bureau sont...
mélenchonistes. « En interne, ça milite contre la loi El Khomri et pour la
sortie de l'euro. » Quand les permanents ne sont pas encartés France
insoumise, « c'est la rivalité entre les courants, les frondeurs sont une
douzaine et ils sabotent en interne la machine ».Lorsque Cambadélis lance en 2016 La Belle Alliance populaire, l'affrontement vire à la guerre de position. « La BAP, c'est la volonté de notre employeur, or les permanents y sont réfractaires », raconte une militante. À tel point qu'un matin on découvre en réunion un tableau recouvert de cette information encourageante : « On s'en BAP les couilles. » Ambiance. Cambadélis a beau organiser une fois par mois des réunions politiques et Jean-François Debat réunir les salariés deux fois par an, c'est insuffisant pour fédérer. Et la très généreuse convention collective – 24 jours de RTT annuels, une échelle des salaires de 1 à 3 –, « la meilleure d'Europe » au dire d'Henri Weber, directeur des études, n'en peut mais.
Sauve-qui-peut
Désigné
candidat socialiste à la présidentielle le dimanche 29 janvier,
Benoît Hamon se déplace le jeudi suivant à Solfé. Où il annonce aux permanents
« refuser toute ingérence dans la gestion du parti ». Un
laisser-faire qui affûte la rivalité entre ses fidèles, les mélenchonistes, les
rares vallsistes et les proches de Cambadélis. Les salariés du PS vivent la
présidentielle sans se saluer, sans se parler. « Quand je prends mon poste
pour la campagne, mon ordinateur est vide. Je ne dispose même pas de fichiers
d'élus », ajoute cette permanente. Certains, syndiqués à la CGT –
organisation majoritaire au siège du PS ! –, menacent même de faire grève.
Mauvais genre en pleine élection.Les résultats de mai transforment la guerre civile en sauve-qui-peut. Le soir du second tour, la maison Solférino est déserte. « Personne ne bosse pour les législatives, chacun négocie la survie de son job », relate un autre permanent. « Certains arrivent vers 11 h 30, lisent le journal, partent déjeuner, reviennent à 15 heures puis s'en vont à 17 heures », décrit un proche de Cambadélis. On se méfie, on se surveille, on se dénonce et on pointe du doigt le salarié du pôle finances qui recharge son scooter électrique à la prise de la cour principale. L'audit, commandé par Cambadélis au cabinet Syndex, spécialiste de la prévention des risques sociaux, publie des conclusions « sévères », selon Frédéric Bonnot, secrétaire général administratif : « logiques de clan », « mécanisme de dégradation ». « Le PS est une entreprise en crise, et, dans une entreprise en crise, ça va rarement bien », poursuit, dans une lapalissade assumée, le secrétaire général officiant comme DRH. Pour parfaire l'ambiance, les salaires des proches de Camba et les dépenses de La Belle Alliance populaire fuitent dans la presse.
Incertitude
Saumâtres,
les derniers jours de Solferino. Dans la salle de presse jaune, pièce
bizarrement jamais repeinte, quatre postes de travail. Deux sont condamnés,
mais les employés ignorent lesquels. Une incertitude qui n'incite pas à la
ferveur. Parmi la centaine de salariés, le parti
rémunérait 23 assistantes de direction, soit un quart des effectifs,
ce qui tient du record... Quatre seront maintenues. « Il y a beaucoup de
découragement et d'abattement », reconnaît Frédéric Bonnot, lui-même ayant
choisi de faire partie des licenciés. « Ça fonctionne mal quand le parti
va mal, le lieu n'influence pas le fonctionnement, commente le sage Alain
Bergougnioux depuis son minuscule bureau au rez-de-chaussée, mais il est vrai
que c'était un peu tarabiscoté ici. » Tarabiscoté, en effet... Mais pas
seulement.
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Le
PS et même peut être la gauche n'a pas su évoluer ni se rénover comme par
exemple déjà le parti communiste en premier depuis des décennies !
Et même
pas J.L. MELENCHON ce vieux tribun rétrograde !
Donc,
ils ont ce qu’ils méritent pour ceux qui restent et qui devraient prendre
définitivement leur retraite !
Ce
qui est dommage pour cette opposition inexistante, c’est qu’ils n’ont plus de vrais
leaders à gauche et même la droite n’est pas en meilleure santé !
Et
çà ce n’est pas bien pour la France !
Jdeclef
18/1282017 12h13
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