jeudi 4 janvier 2018

C'est curieux ces érudits lettrés qui veulent niveler la langue française à tous prix !

C'est curieux ces érudits lettrés qui veulent niveler la langue française à tous prix !
<p>No passé simple.</p>

Et ainsi trépassa le passé simple...

Par souci d'égalitarisme, les nouveaux programmes scolaires écartent le passé simple, un temps jugé trop littéraire et discriminant.


 Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort/Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port. » Quand les élèves de quatrième de Véronique Marchais découvrent ce célèbre passage du Cid, il n'est pas rare d'entendre résonner dans la classe un désarmant : « C'est pas français, ça, M'dame ! » Remarque tout à fait légitime puisque, depuis la mise en œuvre des nouveaux programmes de l'Éducation nationale, la conjugaison du passé simple ne s'apprend plus qu'aux troisièmes personnes du singulier et du pluriel en début de collège. Alors, rien d'étonnant que des terminaisons en « îmes », « âmes » ou « ûmes » déroutent quelque peu les élèves.
Après l'extinction progressive du mode subjonctif, le passé simple est devenu un temps menacé. Son apprentissage est plus que limité à l'école et, au collège, la littérature pour la jeunesse se lit dorénavant au présent et au passé composé, quand elle n'est pas totalement récrite pour expurger les conjugaisons au passé simple (ce fut le cas en 2005 avec le fameux Club des Cinq). En outre, à quelques exceptions près (Amélie Nothomb, Michel Houellebecq, Éric-Emmanuel Schmitt...), les auteurs contemporains ne raffolent plus de ce temps, jugé trop distant, emprunté, voire élitiste. Assiste-t-on à la disparition programmée du passé simple ?
Véronique Marchais, professeure en Indre-et-Loire, ne veut pas y croire. « À moins qu'on ne récrive Chrétien de Troyes, Rabelais, Molière, Corneille, Racine, Voltaire, Balzac, Hugo, Flaubert, Proust et presque mille ans de littérature comme on récrit le Club des Cinq, nul ne peut prétendre pouvoir faire disparaître le passé simple, arguë ce membre du collectif Sauver les lettres. La seule chose qui disparaît, et à une vitesse effrayante, c'est la capacité de nos élèves à maîtriser ce temps et donc à aborder ces œuvres. »

Un temps bourgeois ?

Car, à moins de leur présenter uniquement des passages où ne figureraient que des troisièmes personnes, les enfants vont nécessairement rencontrer ces drôles de terminaisons. « Ensuite, on se plaint que les élèves n'accèdent plus aux grandes œuvres littéraires, soupire l'enseignante. Mais comment s'en étonner quand on leur refuse une des clés essentielles de l'écrit : ce temps justement caractéristique de l'écrit et de la littérature jusqu'au XXe siècle ? » Et de citer Stevenson, Jack London, Hector Malot et Jules Verne, qui ont écrit leurs récits d'aventures au passé simple et à la première personne. Problème : ces auteurs sont au programme de sixième. Or les élèves ne maîtrisent pas la première personne en sixième et ils sont censés découvrir les autres formes à partir de la cinquième. Ils butent donc fréquemment contre les « je vis » (verbe voir qu'ils prennent pour vivre), « je fis » (du verbe faire, qu'ils confondent avec être : « je fus ») et sur des phrases comme « Nous parvînmes enfin sur l'île » ou « Nous aperçûmes au loin une étrange lueur ».
Voici comment est traité le passé simple dans les programmes de 2016 : c'est un « temps inutilisé mais éminemment littéraire et scolaire ». Attention, « il mérite une attention accrue », car son emploi est « hautement discriminant dans la production des écrits des élèves ». « Au lieu de demander à un collégien de maîtriser la deuxième personne du pluriel du passé simple - vous chantâtes -, rarement utilisée, pourquoi ne pas commencer par les formes les plus courantes de ce temps ? » justifiait Sylvie Plane, vice-présidente du Conseil supérieur des programmes, dans Télérama, en 2015. La raison invoquée est donc l'usage, le côté utilitaire. La raison, plus officieuse, serait de ne pas pénaliser les enfants des classes populaires, le passé simple traînant injustement une réputation de temps bourgeois, voire aristocratique, alors que, historiquement, c'est « un temps du terroir, un parler de culs-terreux et de marins pêcheurs », comme le rappelait le philologue Claude Duneton dans l'une de ses chroniques du Figaro. L'essayiste et amoureux de la langue française Alain Borer (1) confirme que le passé simple n'a rien d'élitiste : on le trouvait « dans les lettres des poilus, dans les campagnes à l'époque de Racine, dans La Chanson de Roland et même dans L'Équipe jusqu'à des temps récents ».
Par souci d'égalitarisme, on serait passé de la maîtrise de la « conjugaison » - ce mot n'effrayait pas en 2008, date des précédents programmes - des verbes les plus fréquents au passé simple dès la fin de l'école élémentaire (CM2) au simple objectif de « mémorisation » des verbes fréquents aux troisièmes personnes du passé simple en fin de cycle 3 (sixième). Depuis la réforme du collège de 2016, de nombreux profs de lettres ont tiré la sonnette d'alarme. Certains font de la résistance. Robert Delord, professeur de lettres et de latin, responsable de l'association Arrête ton char, a exprimé son désaccord devant l'inspecteur venu lui faire une formation « sur l'étude de la langue » dans sa région, la Drôme. « Il est hors de question pour moi de faire des morceaux de conjugaison alors que le passé simple est quand même super-simple ! L'apprendre en entier en cinquième, c'est beaucoup trop tard : un ado n'a plus rien à faire des particularités de la langue, explique ce passionné d'Antiquité, qui enseigne dans un collège difficile. On parle de bienveillance, en fait, c'est une forme de mépris. On se dit : ils ne vont pas être capables, donc simplifions. Mais les sacrifiés, ce sont les gamins des REP et des campagnes ! » Ceux qui n'ont pas toujours eu la chance d'avoir entendu les Contes de Perrault à la maison.

« Il pouva »...

Cette tendance « bienveillante » va encore plus loin sur le terrain. Dans certaines régions, des inspecteurs enjoignent aux professeurs d'être encore plus indulgents. L'un d'eux, à Lille, s'est rendu célèbre en inventant la délicate formule de « sensation du passé simple »... En clair, si un élève écrit « il disa », « il prena » ou « il finissa », il ne faut pas le pénaliser : il a « senti » qu'il fallait employer le passé simple.
Emmanuelle de Riberolles, enseignante dans un collège rural en Thiérache, le constate tous les jours avec ses élèves de sixième : « Ils me disent il pouva, il parta, ils prenèrent... C'est une catastrophe ! En fait, en cours moyen, ils ont seulement fait du repérage, pas de la manipulation. Un jour, il faudra qu'ils maîtrisent ce temps, mais on ne sait pas trop quand... » Cette prof de lettres modernes syndiquée au Snalc (classé à droite) ne lâche rien sur la grammaire, elle fait recopier et répéter les verbes systématiquement à ses élèves et continue à étudier les classiques tout en travaillant sur des manuels antérieurs à la réforme, quand d'autres - surtout au premier degré - ont fini par céder à la pression de certains inspecteurs. « Dans les manuels, la littérature jeunesse est placée au même rang que les grands textes, on trouve Indochine ou Grand Corps malade à côté du Dormeur du val ! détaille Emmanuelle de Riberolles. Simplifier, c'est mal connaître l'enfant, qui adore les difficultés : L'Odysée, en sixième, a un succès énorme ! »

Désamour

Si le passé simple se fait de plus en plus rare, c'est justement à cause de sa complexité, excuse la linguiste Henriette Walter. « Le passé simple a connu une mésaventure, il a eu le malheur d'avoir des formes trop diversifiées, nous raconte l'auteure du Français dans tous les sens (2). Ce désamour date du XVIe siècle, où on a vu apparaître diverses simplifications. Par crainte de se tromper, on a pris l'habitude de donner la préférence au passé composé. » Mais le passé composé « écrase les autres nuances temporelles », précise Alain Borer, qui, sans être un nostalgique du passé simple, constate et déplore sa disparition. En cause, selon lui : l'Éducation nationale et ses « ministres idéologues », l'ère numérique et cette mode du présentéisme. Et, loin d'être une banale querelle de linguistes, la disparition de ce temps aurait comme conséquence majeure, selon Borer, « la perte d'une nuance de l'esprit, d'une précision fine, la perte de ce qu'on appelle l'heuristique : la capacité de mettre au point sa propre pensée » .

J’ai plus de 70 ans j’aime énormément la France mon pays et sa langue, la chose qui me semble-t-il la plus importante pour conserver et affirmer notre identité de français !

Pourtant j’ai voyagé de par le monde dans de nombreux pays sur tous les continents et beaucoup de ces populations admirent notre pays et notre langue pas si simple à apprendre je le conçois…

Il est loin le temps ou quand j’étais à l’école primaire et ou j’avais un directeur d’école qui quand on faisait des bêtises ou on se tenait mal nous donnait comme punition 16 temps d’un verbe ou plus à conjuguer et à lui remettre bien sur sans faute par écrit !

Mais hélas quand je vois ou j’entends de jeunes français écrire pour ceux qui le font encore, en dehors de leur smartphone avec leur langage (télégraphique style SMS) ressemblant à de la simple  phonétique et aussi par leur langage parlé qui se décline en peu de mots courants adossés à ce que l’on ne peut même pas appeler de l’argot tant il faut des codes pour les comprendre :

Alors bien sur le « passé simple » c’est à mille années lumières de ce que l’on parle ou écrit, mais cette dégradation lente de notre langue est due à un mauvais enseignement de base oublié par des professeurs qui eux-mêmes pour certains ont perdu le français qu’ils sont censés enseigner et font mêmes des fautes de simple orthographe, ou grammaire, tout çà peut-être à cause d’une politique soixante-huitarde destructrice et des politiciens de tous bords ministres de l’enseignement qui ont changé de multiples fois aux fils des gouvernements en faisant de la politique, mais pas de l’enseignement, alors on voit le résultat maintenant !

Consolez-vous, même moi le vieux, je perds mon orthographe et ma grammaire alors, mais, c’est triste !

Le changement c'est bien, mais il ne faut pas tout détruire sous ce prétexte !

Bonne année tout de même !
jdeclef

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