Saint-Étienne-du-Rouvray : l'enquête qui accuse les
renseignements français
Selon Mediapart, Adel Kermiche avait été repéré. Non
seulement la note n'est jamais parvenue à la DGSI, mais elle a été caviardée
pour masquer la bévue.
Cinq jours avant l'assassinat du père Hamel dans son église, soit le 21 juillet 2016, un policier de la DRPP chargé de la veille informatique des activités djihadistes, notamment sur les réseaux sociaux, repère sur la messagerie cryptée Telegram une chaîne baptisée « Haqq-Wad-Dalil » (« la vérité et la preuve »), animée par @Jayyed. C'est Adel Kermiche qui se cache derrière ce pseudo. En remontant le fil des publications, le policier découvre un message datant du 17 juillet dans lequel le djihadiste se vante de ne pas être démasqué par les services de renseignements.
Adel
Kermiche repéré avant l'attaque
Le
contenu de la chaîne Telegram comporte
aussi des vidéos. Dans l'une d'elles, Adel Kermiche, qui indique avoir
donné des cours à la mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray, appelle à frapper les
églises : « Tu vas dans une église où il y a du polythéisme (sic) et
tu déglingues tout le monde, je ne sais pas, moi ! Tu fais ce qu'il y a à
faire et voilà ! Au jour d'aujourd'hui, les gens qui sont en France, je vous conseille de
taper. Voilà ! Je le dis clairement : tapez ! » Le message
est suffisamment clair pour que l'agent de la DRPP rédige une note.C'est le début d'une série de ratés et de cafouillages du renseignement français. La note rédigée par le policier, qui doit être transmise à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), compétente sur l'ensemble du territoire, se perd. « L'information reste coincée, confirme un policier à Mediapart. Parce que ce qu'on écrit est classé secret défense, il y a trop de contrôles, trop de lecture, trop de chefs qui souhaitent corriger les notes, apporter leur grain de sel, se donner l'impression d'y conférer leur valeur ajoutée. Ils retiennent les notes parce qu'une virgule est mal placée… On privilégie la satisfaction du supérieur N + 1, on oublie le caractère opérationnel de la note. »
Une
note postdatée pour cacher la bourde
Repérés,
mais libres de leurs mouvements, Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean, qui
posent ensemble sur une photo postée par le premier sur le réseau social
Snapchat cinq jours avant l'attaque, passent à l'acte le 26 juillet.
À 8 h 31, Adel Kermiche demande à ses abonnés sur Telegram de
« télécharger ce qui va venir et [de le] partager en masse ». Les
deux djihadistes tuent le père Jacques Hamel dans son
église, sous les yeux de plusieurs paroissiens.Prêtre tué à Saint-Étienne-du-Rouvray : la DGSI a-t-elle tout dit ?
Après l'attentat, la DRPP se rend compte de sa bévue. Une hiérarchie trop lourde, un manque de communication entre la division parisienne et la DGSI, et des gradés en vacances ont empêché la découverte d'un renseignement qui aurait peut-être permis d'arrêter Adel Kermiche avant son passage à l'acte. Résultat ? Le policier qui a rédigé la note est convoqué par sa hiérarchie le jour de l'attaque. Selon Mediapart, elle lui demande d'effacer son rapport, de le réécrire et de le postdater pour faire croire à une information identifiée après l'attentat. « Oui, nos supérieurs ont bien essayé d'effacer les traces et ils l'ont mal fait. Il y a eu une tentative de rétropédalage, mais cela n'a pas marché comme prévu », confirme un agent au site d'information.
La
préfecture rejette ces accusations
Dans
un communiqué publié à la suite de l'enquête de Mediapart, la préfecture de
police (PP), dont dépend la DRRP, assure que la note datée
du 22 juillet n'évoque « en aucun cas [...] l'imminence d'un
passage à l'acte, et encore moins le ciblage d'un lieu précis. Cette note, qui
ne comportait pas de caractère d'urgence et s'inscrivait dans le travail de
détection quotidien du service, a suivi le circuit habituel de
validation ». Selon la préfecture, cette note identifiait simplement un
individu donnant des cours à la mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray, appelant
« sur les réseaux sociaux les fidèles
à le rejoindre dans le but de former un groupe à vocation terroriste » et
faisant part de « sa volonté de se rendre en Syrie pour rejoindre les rangs de
Jabbat-al-Nosra ».Lorsque l'attentat a lieu le 26 juillet, « le rédacteur de la note a immédiatement fait le lien avec l'individu qu'il avait identifié », indique le communiqué. « Sans délai, la DRPP a informé oralement les services enquêteurs et a rédigé une nouvelle note datée du 26 juillet », affirme la préfecture. « Les deux documents originaux, enregistrés et traçables dans les serveurs de la DRPP, sont à disposition de toutes les autorités administratives et judiciaires », ajoute-t-elle.
Par ailleurs, Me Mehana Mouhou,
avocat de deux victimes de l'attentat, a annoncé qu'il allait « solliciter
du juge d'instruction la déclassification totale des documents classés secret
défense afin que toutes les pièces soient versées au dossier ». « La
vérité est due aux victimes. Le but du renseignement est de prévenir le
terrorisme mais pas de laisser filer et ensuite d'étouffer un raté
gravissime », a-t-il estimé.
Mais
attention aux infos de MEDIAPART il faut souvent en prendre et en laisser ?!
Si c’est
une erreur ou un raté comme il est dit c’est une faute, loin de penser que cela
ne soit pas répréhensible bien sur !
Mais
en matière de justice ou d’enquête judiciaire surtout à l’époque où les
affaires d’attentats étaient plus nombreuses et nécessitant multiples enquêtes
tout azimut difficiles des erreurs et cafouillages ont eu lieu dans notre renseignement
pas encore au point sur cette lutte anti-terroriste qui semble-t-il s’est amélioré
depuis au vue d’attentats déjoués ou évités !
Cette
faute doit être sanctionnée et plus important, surtout si on a voulu la cacher,
car ça n’est pas pardonnable !
Le
circuit de validation des faits à l’époque et les procédures semblaient bien
lentes ou plus compliquées pour agir rapidement, un défaut souvent reproché qui
a été constaté et pas assez efficaces, car on hésitait trop à agir plutôt que
quelque fois se tromper, mais sans moins de conséquences, là, cela s’est hélas
trouvé préjudiciable pour la victime hélas !
Souhaitons que l’on n’enterrera pas la vérité quel qu’elle soit, c’est tout ce que l’on
peut espérer ?!
Jdeclef
05/01/2017 15h03
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire