Nicolas Baverez - Le monde sans les Américains
Le XXIe siècle sera chinois et 2017 restera comme
l'année du passage de témoin du leadership de Washington à Pékin.
Donald Trump a changé la donne, transformant le déclin relatif de l'Amérique depuis le début du XXIe siècle, sous l'effet conjugué de la mondialisation, des guerres perdues d'Afghanistan et d'Irak et du krach de 2008, en déclin absolu. Un an après sa prise de fonctions, il confirme que le populisme accroît les maux qu'il dénonce : paralysie des institutions, inégalités, désintégration de la classe moyenne, risques sécuritaires. La preuve que la démagogie n'est pas compatible avec l'exercice du pouvoir et qu'il faut choisir entre tweeter et présider.
L'incapacité à nouer des compromis avec le Congrès et la multiplication des postes non pourvus dans l'administration ont bloqué les réformes, à l'exception de celle de la fiscalité. Sont programmées des baisses d'impôts de 150 milliards de dollars par an. Le gain pour la croissance devrait être limité à 0,3 %, et non pas 2 % comme annoncé, mais au prix de l'aggravation du déficit budgétaire de 100 milliards de dollars par an, de la relance des bulles spéculatives et d'une nouvelle hausse des inégalités.
Sécurité
Surtout,
le soft power
qui fondait le leadership des États-Unis est en voie de démantèlement. Le
tournant protectionniste et la sortie de l'accord de Paris sur le climat n'ont pas
comblé le déficit de productivité des États-Unis ni enrayé la polarisation du
marché du travail et de la société, qui est avant tout le produit de la
révolution numérique et de l'économie de bulle. Ils laissent en revanche le
champ libre à la Chine, sur le plan commercial, avec la zone de libre-échange
asiatique et les nouvelles routes de la soie, comme dans le domaine de
l'économie de l'environnement.La renationalisation de la stratégie de sécurité, qui donne la priorité à la fermeture du territoire américain, à la sécurité économique assimilée au protectionnisme, à la force militaire, avec un budget porté à 700 milliards de dollars par an, aux coalitions ad hoc plutôt qu'aux alliances, déstabilise les relais d'influence des États-Unis. La garantie de sécurité américaine, fondée sur l'élargissement de la dissuasion nucléaire, est réduite à néant par l'imprévisibilité de Donald Trump et son refus de reprendre à son compte le principe de solidarité qui gouverne tant les traités stratégiques que l'unité de l'Occident.
Part
d'ombre de la démocratie
Le
principe même de la démocratie se trouve déconsidéré. Le rêve américain était
indissociable d'une nation fondée autour de la liberté politique et de
l'égalité des conditions. Donald Trump rompt avec cet héritage pour n'assumer
que la part d'ombre de la démocratie : l'autoritarisme et la démagogie de
très court terme ; l'enfermement identitaire et la décohésion sociale sous
la pression d'une guerre entre les races ; le culte de la violence entretenu
par la prolifération de plus de 300 millions d'armes à feu.Si la vitalité de l'économie et de la société américaines demeure incomparable, les dommages infligés par Donald Trump au leadership des États-Unis sont irréversibles. Le XXIe siècle sera donc chinois, et 2017 restera comme l'année du passage de témoin de Washington à Pékin, qui déploie à marche forcée, de l'Asie à l'Amérique latine en passant par l'Afrique, un sharp power favorisant l'exportation du modèle chinois.
Les
États-Unis ne sont plus rassurants
Pour les démocraties, trois leçons
en découlent. Tout d'abord, il est impératif, afin d'éviter sa contagion
délétère, de traiter les causes profondes du populisme par une croissance
inclusive, par l'amélioration de l'éducation, par le désarmement des passions identitaires,
par le contrôle des migrations, par la lutte contre toutes les formes de
violence. Ensuite, il faut se préparer à vivre sans les États-Unis, qui ne
constituent plus une réassurance mais un multiplicateur de risques. Enfin, il
est indispensable de réinvestir dans la sécurité. De ce point de vue,
l'année 2018 sera décisive pour la réforme de l'Union, qui doit, tout
en négociant le Brexit et alors même que l'Allemagne vacille, se doter d'une
capacité de hard power
pour contrebalancer l'effondrement du soft power
et du leadership des États-Unis.
Par
leur impérialisme qui s’est effrité depuis la fin des années 60/70 et la guerre
du Vietnam qui a marqué la fin de leur puissance militaire !
Et
ensuite leurs enlisements au Moyen orient IRAK/ AFGHANISTAN les problèmes avec
l’IRAN la montée du terrorisme islamique et la lutte contre DAESH EI qu’ils
n’ont pu stopper seul et avec les tensions avec LA RUSSIE et la succession de
présidents médiocres les BUSH et malheureusement le président actuel
D.TRUMP !
Et
bien sur la montée en puissance de la CHINE sur la scène mondiale qui commence
à compter vraiment économiquement et peut être militairement dans un avenir
très proche !
Pour
autant les USA ne sont pas si faibles que cela, mais ils ne pourront plus jouer
au seul maître du monde et devront compter avec leurs alliés historiques
européens issus de la dernière guerre mondiale et le président actuel devra cesser
de s’enfermer dans un protectionnisme borné, malgré son intelligence obtuse
qui semble lui manquer, car il confond la gestion de son pays avec le monde des
affaires dont il est issu !
Jdeclef
08/01/2017 13h13
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